Une première fois ça se prépare
Une première fois ça se prépare
Sanâa prépare son fils Adam depuis presque deux semaines. Elle est préoccupée parce qu'il fait sa première maternelle cette année.
Sanâa prépare son fils Adam depuis presque deux semaines. Elle est préoccupée parce qu'il fait sa première maternelle cette année. «C'est la première fois qu'il se sépare de moi et de son père. A première vue, je sens qu'il n'apprécie pas. C'est pourquoi j'essaye de lui en parler et de lui expliquer qu'il va commencer une nouvelle étape dans sa vie. Bref, j'essaye de positiver la chose», affirme-t-elle. En effet, un des facteurs de réussite de cette première séparation est que les parents et l'enfant soient bien préparés. L'entrée à l'école est de loin la première étape décisive dans la vie de l'enfant. Tout comme beaucoup d'autres, Mehdi qui a aujourd'hui 18 ans garde toujours en mémoire le souvenir de ses premiers jours à l'école. «Mon premier jour à l'école, je crois que je ne l'oublierai jamais. Je suis passé directement à la grande maternelle, donc j'étais en plus le nouveau de la classe. Je n'ai pas pu franchir le cap facilement. Je criais, pleurais et demandais à ma mère de me ramener à la maison mais elle m'ignorait. Ce jour-là, j'ai cru qu'elle m'a abandonné», lance-t-il en souriant. Selon Bouchaib Karoumi, pédopsychiatre, la séparation est difficile, autant pour l'enfant que pour les parents. Mais ces derniers doivent bien gérer leurs propres émotions de tristesse et de culpabilité. Concernant l'enfant, il faut lui expliquer avant tout qu'il s'agit d'un endroit où il va retrouver des enfants de son âge. Ensemble, ils vont s'amuser et apprendre des choses nouvelles. Il ne faut pas oublier de lui parler de la maîtresse : c'est une personne qui connaît bien les enfants et qui les aime. Il faut expliquer clairement à son enfant que le travail de la maîtresse est d'organiser les activités dans sa classe, d'inventer des jeux. Elle lui apprendra à faire des dessins, des collages... comme à la maison et plein d'autres choses qu'il va découvrir et sûrement aimer. «Il est souhaitable de visiter l'école avant le jour de la rentrée, lors de l'inscription par exemple. Ce serait encore mieux s'il peut rencontrer l'équipe éducative qui va s'occuper de lui», d'après les explications du pédopsychiatre Karoumi. Ceci serait bénéfique même pour les parents, ils pourront mieux visualiser dans quel endroit évoluera leur bambin. Ensemble, parents et petit apprécieront les jeux et les couleurs qui réjouissent la salle de classe, essayeront les toilettes pour le mettre en confiance, testeront les jeux dans la cour de récréation. Il faut que cette visite procure du plaisir pour que la perspective d'y retourner bientôt ne soit pas pénible. Normalement, à partir de l'âge de trois ans, l'enfant est prêt à « grandir ». A cet âge, il commence à vouloir s'éloigner de ses parents, à avoir envie de conquérir une certaine indépendance, à avoir de l'intérêt et du plaisir à sortir du cercle familial et à élargir ses connaissances et ses expériences à l'extérieur de celui-ci. En effet, la séparation douloureuse ne fait pas l'unanimité. Il en va ainsi pour Hajar qui n'a pas versé la moindre petite larme lors de son premier jour de l'école l'année dernière, à la grande surprise de sa maman. « Je m'attendais à ce qu'elle montre au moins un petit attachement. Au contraire, elle avait hâte de revenir chaque jour à l'école. Je crois que c'est moi qui l'ai mal vécu, cette séparation. J'étais un peu jalouse », confie la mère de Hajar. Que faire face à une crise de larmes '
Plusieurs parents craignent que leur enfant refuse de les lâcher le premier jour de la rentrée et explose en larmes, ce qui arrive souvent d'ailleurs. Pour éviter cela, tout d'abord, il ne faut pas exagérer avec les adieux. Plus ceux-ci dureront, plus il aura peur et redoutera de vous laisser. Il faut simplement lui expliquer qu'une fois l'école terminée, vous reviendrez le chercher. Il ne faut pas aussi pleurer devant son enfant, bien que le moment soit émouvant. Voir ses parents pleurer le stressera davantage. On peut également utiliser une autre astuce. Lui expliquer que vous aussi, vous avez des choses à faire. Surtout, ne culpabilisez pas et ne faites pas durer les adieux plus longtemps. Cela ne ferait qu'envenimer la situation. Votre enfant va petit à petit apprendre à se séparer de vous. De plus, le groupe éducatif qui s'occupera de lui connaît bien son travail et est parfaitement conscient de l'importance de ce premier jour. «C'est une séparation dure aussi bien pour les enfants que pour les parents»
Source: LE Matin